Amazônia, le nom fait rêver, inquiète aussi avec un nom qui résonne avec ozone ou « ma zone », rappelant vaguement une chanson d’Yves Simon. Cette exposition a pour ambition de nous faire voir et écouter l’Amazonie, et son approche immersive a pour but majeur de nous sensibiliser à la mise en danger de sa biodiversité.
La collaboration entre le couple Salgado, (Lélia Wanick Salgado est à la fois scénographe et commissaire de l’exposition), qui a séjourné près de sept ans dans la forêt brésilienne, et Jean-Michel Jarre (le père de l’album « Oxygène » !), donne lieu à une première « bioacoustique » du Musée de la musique-Philharmonie de Paris, qui reconstitue tout au long du parcours photographique la musicalité de ce poumon vert grâce au fonds d’archives sonores collectées en Amazonie depuis 1950.
Si cette tête d’affiche ne suffisait pas à vous attirer vers la porte de Pantin, voici au moins trois bonnes raisons d’y faire un grand tour.
La première est bien sûr le réchauffement climatique et la nécessité impérieuse de préserver le plus grand poumon de la planète. Les paysages photographiques en noir et blanc forment à eux seuls le récit de cette immensité verte soumise aux pluies et aux vents. Sebastião Salgado nous rend compte par l’articulation des clichés entre eux de la force de l’eau omniprésente et de la richesse poétique de ce territoire grand comme dix fois la France (c’est-à-dire l’équivalent de l’Europe).
Les documentaires hautement colorés donnent la parole à des chamanes ou à des chefs de tribu, face caméra. Les témoignages de ces peuples oubliés, (devrait-on dire sacrifiés sur l’autel de l’économie mondialisée ?) sont poignants ; à les entendre, on comprend qu’ils ne portent pas Bolsanaro dans leur cœur, que la déforestation de l’Amazonie est programmée pour des enjeux économiques, et surtout, qu’ils nous appellent au secours car leur existence même est menacée.
A ce sujet, voir
ou revoir l’excellent documentaire « Amazonie. Enquête au cœur des luttes
indigènes » du Brésilien Estevão Ciavetta de 2020. Mention spéciale pour
les Zo’é, homonymes involontaires d’un modèle de voiture électrique, dont la peuplade vit dans les forêts de
l’État du Pará, non loin de la frontière du Brésil avec la Guyane. Leur terre
est un territoire officiellement reconnu comme réserve protégée depuis 2009.
Avant les années 1980, ils ne s’appelaient pas ainsi. « Zo’é »
signifiait « nous » et s’utilisait pour dire « nous sommes des
personnes »…
La troisième raison de
faire le détour par la Philharmonie de Paris est bien sûr l’Art de la
photographie. Sebastião Salgado se fait grand maître de la pluie, du vent et du
végétal foisonnant avec des vues aériennes ou panoramiques à couper le souffle.
Son regard se met aussi au service de la cause indienne à travers ses séries de
portraits.
Musée de la Musique-Philharmonie de Paris
20 mai - 31 octobre 2021
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