lundi 10 juin 2019

Rouge colère, rouge révolutionnaire, rouge Kremlin…


Exposition où il est question de couleur du temps et d’utilisation de l’art à des fins politiques, ROUGE entre art et utopie au pays des Soviets, nous fait traverser l’Histoire russe de la révolution d’Octobre jusqu’à la mort de Staline en 1953.


Plus de 400 œuvres nous montrent le glissement progressif de l’imagerie révolutionnaire vers la propagande. De 1917 et d’un vent de liberté, aux années 30 et au stalinisme, où le « petit père des peuples » détourne toutes les formes artistiques au profit de sa puissance. 




Aux lendemains de la révolution des Bolcheviks, outre les « agitprop » (dispositifs d’« agitation et de propagande »), de nombreux artistes d’avant-garde tels que Maïakovski, cherchent à démocratiser les arts. L’utopie productiviste l’emportera avec les constructivistes, dans un pays qu’il faut rebâtir. Les arts imprimés (surimpression, photomontage) deviennent le medium privilégié du réalisme prolétaire au service de l’Etat de par leur diffusion massive.

A partir de 1929, Stalisme met fin au pluralisme culturel alors qu’il opère le « Grand Tournant » (premier plan quinquennal, collectivisation forcée des campagnes, chasse aux « ennemis de classe » ), radicalisation d’un pouvoir de plus en plus concentré dans les mains d’un seul homme. L’utopie du réalisme socialiste se traduit par alors par le gigantisme, symbole de puissance, sans réelle innovation artistique, par une imagerie idéalisée des travailleurs soviétiques et par le culte de la personnalité de Staline.

En plus de cet itinéraire d’Histoire de l’Art fascinant qui débroussaille et décode la culture des vingt ans qui suivent la révolution russe, il y a deux bonnes raisons pour se déplacer au Grand Palais.
La première s’appelle Alexandre Mikhaïlovitch Rodtchenko et son Pur Rouge, l’un des premiers monochromes, qui marque l’entrée dans le modernisme, et acte le grand renversement constructiviste de l’art. 

La seconde s’appelle Kasimir Severinovitch Malevitch avec les toiles, Silhouette de femme et Le Cheval blanc, respectivement de 1928 et 1930. Malevitch est l’un des premiers peintres abstraits du 20ème siècle.


Rouge de l’aube pour un art en pleine métamorphose…