Il y a ce doux frémissement des feuilles accumulées, non sur un bureau poussiéreux mais sur les bords des routes, sous les rameaux de plus en plus dénudés, autour des clochers... Le foisonnement orangé tel un manteau à poils de chameau rehaussé de pointes sanguines remplace les frondaisons de l'été lointain. Bientôt le vert sera une couleur morte car dénué de substance. Nous ne sommes pas encore à ce moment où le noir des branches luisantes de rosée l'emporte... Pour l'heure, la seconde qui s'éternise, ce sont le cuivré, le doré et leurs variations sur la palette de l'automne qui s'imposent, s'étalant en un panorama de lumières changeantes. L'inspiration n'est plus littéraire, elle happe l'air frais et l'odeur humide des branchages en attendant... En attendant quoi ? La pluie glacée pour hâter la chute des rameaux ? Les rafales de vent qui poussent les feuilles à terre en d'éphémères collines ? La nature expire avant le prochain souffle. Je soupire à l'idée d'une autre histoire, d'un nouveau chemin rocailleux ou lisse comme la peau d'un escargot...
