Les mots sont revèches, rebelles. Ils fluctuent d'un instant à l'autre, d'une intention à la suivante comme autant d'hirondelles sur un cable un jour d'avril. Trop de murs les font fuir aussi certainement qu'une explosion de dynamite et leur chant ne s'entend que dans un bruissement d'ailes. Trop de vent les disperse aux coins de la prairie lointaine. La liberté escomptée se solde alors par des fragments de discours... Entre captivité et dispersion poussiéreuse, il est possible d'en coucher quelques uns sur la rivière ivoire.
Les mots indomptables forment le contingent des rêves par lequel l'auteur se reconstitue. Au-delà de l'absence, en dépit du bon sens et en arrière plan de toute volonté, cette chair molle, cette ossature invisible cherche à cracher son feu, malgré moi, malgré la signature. Certains filets en captureront des bribes, autant de brèches dans l'insondable.
Mais les pires silences proviennent des mots d'avant, paroles enlisées, paroles d'exilés. Ils ne s'effacent pas alors qu'ils refusent de s'inscrire. Ces mots indomptés s'emparent de leur auteur et en font pour toujours un scriptaire...
Barbara Marshall
Barbara Marshall