lundi 1 février 2016

De l'indifférence à la critique acerbe...


Extrait du journal de bord

Un moment dont on ne parle pas souvent en tant qu'auteur est celui où le texte quitte le tiroir, l'ordinateur ou le classeur pour d'autres lieux, d'autres mains, d'autres yeux...
Rarement sans douleur, ce passage est aujourd'hui accéléré par les publications numériques de tout poil, donnant ainsi l'apparence trompeuse de la facilité.  Si le délai postal n'est plus de mise pour les nouveaux media, n'allez pas croire pour autant que l'exposition, et j'utilise volontairement ce terme réservé en d'autres temps aux peintres et illustrateurs, soit plus confortable. Ce ne sont en effet pas les affres de l'attente qui sont infernales, mais plutôt ce vide du post-partum, que connaît l'auteur une fois que l'oeuvre, même modeste, est accomplie ; autrement dit, on lance le bébé dans le bain de la grande incertitude... 
Lâcher le texte commis relève d'un acte de Foi que bien des lecteurs ignorent, celui de la croyance en l'écriture, en sa puissance et en son cheminement ! S'exposer aux critiques est sûrement moins difficile que d'affronter la belle indifférence généralisée que l'on rencontre parmi un public repu, saturé d'informations, de salons littéraires, et de nouveautés au marketing affûté. Pauvre auteur ! Que de déception alors que le texte est édité et que de retour, il n'y a point, même des soi-disant amis... Pauvre auteur ! Le texte n'est pas retenu ! Pauvre auteur encore ! On le malmène, on lui fait faux bond de tous côtés ! Et quand une critique arrive enfin, non argumentée, succincte et lapidaire, il continue d'écrire autre chose...
Alors que l'édition s'apparente au jour d'aujourd'hui au lancement d'une bouteille dans une mer déjà bien encombrée, l'auteur d'aujourd'hui doit avoir le coeur bien accroché, pour résister aux courants et vents contraires qui balayent le désir d'écrire d'un revers de plume...