Fragment, doux fragment, tu m'as menti, tu es parti,
Et de l'élan il reste le sentiment d'être trahie...
Manque de ce qui n'a pu advenir ou triste mémoire d'un espoir
Comme un bagage plombé, comme un message vidé,
Il s'en est allé, ce morceau qui m'aurait complétée.
De mémoire j'ai trop souffert,
D'espoir je me suis nourrie,
Quand ta place s'est offerte,
Une autre voie m'était promise.
Depuis, le néant ne desserre plus ses griffes
Sur ma chute hasardeuse jusqu'aux abysses.
Une lettre, une seule, dans ce silence pourrait me sauver...
Un mot ce serait un écho sur les parois des à-pics,
Fracassé sur le ressac du chagrin,
Un mirage sur le chemin de l'oubli,
Une tromperie sur ma vraie soif dans cette nuit !
Non ! Un seul son prolongé pour m'agripper encore et encore...
Sans que je dérape de la paroi qui luit
Du reflet des étoiles disparues
Vers les tréfonds où la mort nous enfonce,
Sous les feuilles et les orties.
Tes lèvres prononceraient mon salut,
Si, si ! C'est possible! Risible envie de vie !
De l'éternité, tu extrairais ce joyau
Pour que l'azur m'attende...
Une lettre sans phrase, une bouée sans eau !
Je lèverai les yeux
Pour franchir tes montagnes et leur prêter serment.
L'errance s'arrêterait, nous serions libres d'être deux ?
Fragment, doux fragment, ton empreinte fait saigner,
Et transpirer la douleur de l'absence.
Une lettre pour l'alphabet, l'alpha et l'omega,
Ce qui fut l'Eden et l'innocence...