lundi 31 décembre 2012

Une page...

Qu'elle soit blanche, jaune, bleue ou affichée derrière un écran, une page vierge peut être source d'angoisse. C'est qu'inscrire, tracer ne serait-ce qu'un mot n'est pas sans conséquences... Cela implique de s'écouter et donc de s'entendre avec soi, enfin avec cette petite voix qui est peut-être soi mais qui ne se présente pas... Donc, ce seuil à franchir pour coucher sur le papier ou le clavier des mots des mots des mots sans frein ou pas trop, ce seuil donc, se conquiert. Cette avancée se fait-elle à force d'abnégation, sous l'emprise d'un destin ou dans une joyeuse inconscience, elle représente toujours un moment fort... Une page pour se lancer telle un tremplin vers un discours inaudible autrement. Qui n'a pas eu peur de prendre son élan ? Le moment avant de rejoindre le vide, celui où le cœur cogne, s'étire en longueur... Et hop, le grand saut, les syllabes qui dansent et les phrases qui se forment.... 

Mais il n'y a pas que cette peur du vide, heureusement, avant d'accéder à une nouvelle page : il y a aussi l'aventure... L'accès à des étendues blanches inattendues. Une banquise accueillante aux contours indécis s'étend là, et au-delà. Sans cette envie d'explorer nous n'avancerions pas d'un pouce. Figés sur ce qui est déjà écrit, nous resterions statufiés. Alors que dans cette contrée, juste derrière la page inscrite, tout reste possible. Il est des pages plus faciles à tourner soit qu'elles se fussent fanées soit qu'elles n'aient été que des tremplins vers celles à venir... C'est ce dernier cas de figure pour la page du 31 décembre 2012 en ce qui me concerne. 

Le temps se décline comme un road movie dont chacun ignore le dénouement... Aussi accueillir 2013 et sa page, enfin la première, est-il un vrai plaisir, mais n'anticipons pas! Il nous faut d'abord quitter les pages de 2012, denses, parfois tristes ou intenses que nous avons écrites seconde après seconde.

Alors le passage vers la page blanche se rapprochera. Ce moment si particulier nous pouvons le partager ou pas, le zapper ou en faire une fête et l'inscrire sur la dernière page de l'année. Quoiqu'il en soit, il aura lieu et c'est tant mieux !